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Mercosur : l’enjeu va au-delà des steaks argentins
L’accord de libre-échange visé avec les États du Mercosur est sur toutes les lèvres. Après s’être penchée sur les flux commerciaux actuels ainsi que les avantages et les inconvénients d’un accord, l’Union suisse des paysans a rendu ses conclusions dans un rapport. La faîtière agricole estime qu’un résultat acceptable est tout à fait à la portée des parties, à condition de le vouloir.
Il y a peu, le Conseiller fédéral Johann Schneider-Ammann s’est rendu en Amérique du Sud avec une délégation nombreuse pour préparer le terrain à un accord de libre-échange avec le Brésil, l’Argentine, le Paraguay et l’Uruguay. Comme il fallait s’y attendre, les visiteurs se sont vu présenter une image d’Épinal des conditions de production locales. L’Union suisse des paysans (USP) a utilisé le temps disponible pour réaliser un rapport sur les flux commerciaux actuels, ainsi que sur les avantages et les inconvénients d'un éventuel accord pour l'agriculture suisse. Il en ressort que nos produits n’intéressent guère les pays du Mercosur aujourd’hui. Les ventes dans ces pays ne comptent que pour 1 % des exportations suisses totales. Près de trois quarts sont des produits pharmaceutiques et chimiques. Dans l’autre sens, la Suisse importe surtout du café vert, des tourteaux de soja, ainsi que de la viande de bœuf et de volaille. Les exportations de fromage se limitent à la portion congrue. Les habitants des pays du Mercosur ne disposent pas d'un pouvoir d'achat particulièrement élevé. En effet, leurs pays font face à des problèmes économiques plus ou moins importants. Ces pays ne produisent pas que de la viande très bon marché, ils cultivent aussi de nombreux autres produits comme des fruits, des légumes ou des céréales, qui représentent une concurrence directe à l’agriculture suisse.
La Suisse importe 50 % des aliments qu’elle consomme, dont la moitié en franchise de droits de douane, le reste étant frappé de droits de douane de 6 % en moyenne. Il est indispensable de réguler les importations afin de maintenir la part actuelle de la production suisse. Cela vaut tout particulièrement pour les produits sensibles, qui sont protégés par un système efficace et axé sur le marché, avec des contingents et des droits de douane. Ces derniers sont parfois élevés et représentent un défi lors de négociations. En raison de la part importante des importations et du pouvoir d’achat élevé, la Suisse offre des débouchés intéressants à ses partenaires, et elle a de quoi peser sur la balance dans les négociations.
L’USP n’est pas opposée à des accords de libre-échange. Elle a besoin d’une économie forte. C’est pourquoi l’agriculture a approuvé tous les accords conclus jusqu’à ce jour. La condition sine qua non, c’est que ses intérêts soient pris en compte et que les lignes rouges pour les produits sensibles soient respectées. En outre, la Suisse devra insister pour que les futurs accords soient aussi assortis de règles contraignantes pour les entraves non tarifaires. Ces dernières peuvent représenter un obstacle aussi insurmontable que des droits de douane ou des contingents tarifaires, comme l’illustrent les difficultés subsistantes à l’exportation vers la Chine. Vouloir, c’est pouvoir ! L’USP est donc persuadée qu’un accord acceptable par tous est aussi de l’ordre du possible avec les pays du Mercosur.
Markus Ritter
Président de l'Union suisse des paysans
Conseiller national
Téléphone 079 300 56 93
EMail markus.ritter@parl.ch
Beat Röösli
Union Suisse des Paysans
Responsable Relations internationales
Téléphone 079 768 05 45
EMail beat.roeoesli@sbv-usp.ch