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À fond contre l’initiative sur l’élevage intensif
« L’initiative est vouée à l’échec, alors à quoi bon se donner tant de mal ? », se demande un opposant ; une importante revue spécialisée n’hésite pas à souligner que l’initiative sur l’élevage intensif n’a aucune chance : en ce moment, de telles déclarations ne sont pas rares. Pourtant, selon le premier sondage du groupe Tamedia, l’initiative « Non à l’élevage intensif en Suisse » rassemble une petite majorité. Son titre, intelligemment choisi, n’y est pas pour rien. En effet, qui voudrait d’un élevage intensif ? Personne, ni même nous les paysans ! Ceux qui ne se penchent pas sur les revendications de l’initiative et leurs conséquences, et qui n’ont aucune idée de ce à quoi ressemble l’élevage en Suisse, auront donc tendance à voter oui. Les premiers résultats de tout sondage sont à interpréter avec prudence. Il n’en demeure pas moins étonnant que nous soyons au même taux d’acceptation que lors du premier sondage sur les initiatives « Pour une eau potable propre » et « Pour une Suisse libre de pesticides de synthèse » de l’année dernière. À l’époque, l’agriculture a tout donné : au terme d’un énorme engagement commun, les deux initiatives ont été rejetées par 60 % des votants. L’initiative sur l’élevage intensif semble à son tour séduire une petite majorité de la population. Le rejet n’est donc pas encore garanti.
Pour faire pencher la balance de notre côté, il nous faut réitérer l’engagement et la mobilisation dont nous avons fait preuve dans le cadre des initiatives phytos extrêmes. Nous ne voulons pas que le peuple dise non du bout des lèvres. Au contraire, notre objectif est plutôt d’obtenir un rejet sans équivoque, et donc un net soutien en faveur de l’élevage indigène et de l’agriculture dans son ensemble. À cet effet, nous avons besoin de solidarité. Si certaines exploitations sont moins concernées cette fois-ci, elles pourraient se retrouver mises à mal une prochaine fois. Elles seraient alors bien contentes que les autres exploitations les défendent. Luttons donc ensemble pour obtenir le meilleur résultat possible, aujourd’hui comme demain.
Montrons à la population que nous assurons son alimentation quotidienne de manière responsable et respectueuse des animaux. Montrons-lui qu’elle peut faire confiance aux exploitations agricoles de Suisse. Le positionnement non seulement des exploitations détenant des animaux, mais aussi de celles qui n’en ont pas est particulièrement efficace dans cette optique. L’année dernière, les grandes cultures, la culture maraîchère, l’arboriculture, la culture des petits fruits et la vitiviniculture ont d’ailleurs bénéficié d’une grande solidarité au sein du secteur agricole. Les exploitations d’élevage s’accordent à dire que l’engagement est une évidence. De fait, personne dans le secteur agricole et l’industrie alimentaire n’a intérêt à ce que notre élevage respectueux des animaux soit supplanté par de nouvelles importations. Par ailleurs, il est temps que les entreprises en amont et en aval prennent position. Le « non » devrait être affiché par chaque boucherie, chaque fromagerie et même par le commerce de gros et de détail. Après tout, il en va de leurs emplois.
J’espère donc de tout cœur assister à un nouvel élan ces prochains jours et retrouver les sujets de notre campagne non seulement dans les espaces payants des villes, mais aussi partout dans les zones rurales. Dans moins de deux semaines, les citoyens recevront le matériel de vote. Le titre séduisant les poussera à se prononcer. Mettons dons ensemble la main à la pâte ! Chères familles paysannes, n’attendez plus pour accrocher drapeaux, panneaux et bâches, apposer les autocollants sur vos véhicules, intervenir dans les discussions sur les réseaux sociaux, écrire des courriers des lecteurs, participer à des actions sur stand, informer et convaincre votre entourage. Il reste beaucoup à faire. Nous sommes reconnaissants de pouvoir compter sur vous.
Urs Schneider, directeur adjoint de l’USP et responsable de la campagne contre l’initiative sur l’élevage intensif