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Détention d’animaux de rente exemplaire et bien contrôlée en Suisse
L’agriculture suisse est pionnière de la protection des animaux. Mais qu’en est-il aujourd’hui ? Notre position de leader au niveau international est-elle compromise ? L’Association Stratégie Qualité a présenté aujourd’hui une étude qu’elle avait commandée à Agridea. Principale conclusion : la production animale suisse demeure exemplaire. Cela vaut tant pour les conditions de détention que pour l’usage d’antibiotiques et, en particulier, pour les contrôles des prescriptions légales. Les pays voisins rattrapent leur retard.
L’Association Stratégie Qualité a présenté aujourd’hui l’étude comparative, qu’elle avait commandée à Agridea et qui vient de paraître, sur la protection des animaux et du bien-être animal dans la production de viande en Suisse et dans les pays d’importation. L’objectif était de dresser un bilan de la situation de l’agriculture suisse en matière de protection des animaux et de bien-être animal afin de s’atteler à d’autres optimisations ciblées.
Dans le cas des prescriptions spécifiques aux animaux, la Suisse fait presque toujours mieux que les autres dans le domaine de la détention : moindres densités pour la volaille, interdiction du caillebotis intégral pour les bovins, aires de repos plus spacieuses pour les porcs et durées de transport plus courtes que dans les principaux pays d’importation de viande. Les stimulateurs de croissance antimicrobiens sont également interdits en Suisse, alors qu’ils sont monnaie courante un peu partout en Asie ou en Amérique du Nord et du Sud.
La production suisse a aussi fait son devoir ou se trouve sur la bonne voie pour ce qui est de l'administration d'antibiotiques aux animaux malades : elle a réduit la consommation de ces produits de près de moitié au cours des dix dernières années. Les États-Unis, la Chine, le Brésil et l’Allemagne représentent les pays qui utilisent le plus d’antibiotiques. Fait particulièrement préoccupant : ces pays s’attendent à ce que leur consommation d’antibiotiques augmentent de près de 70 % jusqu’en 2030.
Il faut sans cesse devenir meilleur pour rester bon. Cette devise est aussi celle de l’agriculture suisse. L’étude a également mis en évidence des améliorations possibles. La proportion de viande sous label, avec des exigences supplémentaires dans le domaine du bien-être animal, varie beaucoup d'une catégorie d'animal à une autre. Sur les étals de nos grands distributeurs, elle représente entre 65 et 85 % de la viande de veau, contre 2 à 13 % de la viande de volaille. Dans le cas des deux programmes étatiques d’encouragement SRPA (Sorties régulières en plein air) et SST (Systèmes de stabulation particulièrement respectueux des animaux), cette part oscille entre 91 % (vaches SRPA sans vaches laitières) et 7 % (poulets de chair SRPA).
Depuis quelques années, l’Allemagne s’est lancée dans le développement de labels avec des cahiers des charges stricts pour la protection des animaux. Des travaux dans ce sens ont aussi débuté en Autriche. La Suisse garde encore une longueur d’avance à l’heure actuelle. Elle doit toutefois faire des efforts pour garder son avantage. Dans les discussions à venir, il s’agira de trouver un compromis entre rentabilité et prescriptions plus strictes au niveau des exigences de base. D'abord parce que les consommateurs ne sont pas tous prêts à payer des prix beaucoup plus élevés. Ensuite parce que les labels privés apportant des plus-values supplémentaires dans le domaine du bien-être animal ne se démarqueront pas assez sur le marché.
Martin Rufer
Directeur de l'Union suisse des paysans
Téléphone 078 803 45 54
E-Mail martin.rufer@sbv-usp.ch