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Le Sommet agricole sur le Mercosur se tiendra sans l’USP
Le Conseiller fédéral Johann Schneider-Ammann a envoyé, cette semaine, une invitation à un « Sommet agricole sur le Mercosur ». A cette occasion, le ministre de l'économie entend aussi aborder la Vue d'ensemble du développement de la politique agricole qu'il a présentée début novembre. L’USP prend ses distances avec cette rencontre et n’y participera pas. Cela tient au fait que la Vue d’ensemble n’offre aucune base à une agriculture porteuse d’avenir pour l’USP et que le Conseiller fédéral a refusé l’entrevue proposée par la faîtière paysanne.
Lors de leur assemblée annuelle le 23 novembre 2017, c’est à l’unanimité que les délégués de l'Union suisse des paysans ont rejeté la Vue d'ensemble sur le développement de la politique agricole, présentée peu de temps auparavant par le Conseil fédéral. Le gouvernement y prône un démantèlement de la protection douanière dans tous les scénarios exposés. Plusieurs des hypothèses retenues se révèlent totalement irréalistes. A titre d’exemple lorsqu’il est question de l’évolution des coûts de la consommation intermédiaire dans la plupart des cas mentionnés ou des salaires des travailleurs agricoles. Le document ne contient pas non plus le moindre plan pour atténuer et financer les pertes massives que subiront les familles paysannes. Le Conseiller fédéral a évoqué une augmentation de la TVA en conférence de presse, quand bien même la Vue d’ensemble avance une baisse des prix à la consommation comme l’un des avantages de la réduction de la protection douanière.
Aujourd’hui déjà, la Suisse importe plus que 40 % de sa nourriture. Rares sont les pays dans le monde qui présentent une dépendance de l’étranger aussi importante que la Suisse pour approvisionner leur population. La protection douanière actuelle ne nuit à personne. Même les prix à la consommation ne bougeraient guère, car la part que représentent les matières premières agricoles dans chaque franc dépensé par le consommateur se révèle modeste. L’évolution des structures agricoles est intense et ira encore en s’accentuant, même sans pression supplémentaire. En effet, la relève reste largement insuffisante pour reprendre les exploitations. Et pour cause : les revenus sont très bas et restent bien inférieurs à ceux des branches comparables.
Avec la Vue d’ensemble, le gouvernement a donc effectué une analyse qui n’apporte aucune perspective à l’agriculture et dans laquelle il occulte des facteurs décisifs. Il bafoue par ailleurs la très nette décision populaire du 24 septembre 2017, où plus de 78 % de la population ont plébiscité l’inscription de la sécurité alimentaire dans la Constitution et le maintien de la production indigène.
L’Union suisse des paysans ne refuse pas le dialogue avec le ministre de l’économie et ne s’oppose pas par principe à la conclusion de nouveaux accords bilatéraux. Depuis le 19 décembre dernier, l’USP a adressé deux courriers au Conseiller fédéral pour lui demander une entrevue. En réponse, le secrétaire général a sèchement rejeté la proposition de l’USP. La confiance de l’USP est entamée, car elle considère que les conditions ne sont pas réunies pour mener une discussion franche et honnête. C’est pourquoi le Sommet agricole sur le Mercosur convoqué par le Conseiller fédéral Johann Schneider-Ammann se déroulera sans l’USP.
Markus Ritter
Président de l'Union suisse des paysans
Conseiller national
Téléphone 079 300 56 93
EMail markus.ritter@parl.ch
Francis Egger
Directeur adjoint Union suisse des paysans
Département économie, formation et relations internationales
Téléphone 079 280 69 66
Email francis.egger@sbv-usp.ch