Contenu principal

Oui au libre-échange avec le Mercosur, mais pas à tout prix

Communiqué de presse du 29 octobre 2018

La Suisse est en train de négocier un accord de libre-échange avec les États du Mercosur. Présentée lors de la conférence de presse qui s’est tenue aujourd'hui, la coalition sur le Mercosur  dit oui à cet accord, mais pas à tout prix. Elle exige que des critères contraignants de durabilité y figurent pour ne pas compromettre les produits agricoles sensibles ni la protection des consommateurs.

Depuis juin 2017, la Suisse négocie un accord de libre-échange avec les États du Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay et Paraguay) dans le cadre de l’AELE. L’économie suisse d’exportation espère obtenir ainsi un meilleur accès aux marchés sud-américains. Cependant, cet accord aura aussi des répercussions sur les familles paysannes et l’environnement dans les États du Mercosur d’une part, et sur l'agriculture suisse, les emplois dans l'industrie alimentaire et les consommateurs suisses d’autre part. La coalition sur le Mercosur nouvellement formée souhaite que la politique et la société débattent de ces répercussions et proposent des solutions raisonnables.

La coalition sur le Mercosur ne s’oppose pas à un accord de libre-échange en soi, mais demande que des critères concrets et contraignants de durabilité y soient inscrits. Lors de la conférence de presse, les organisations associées, toutes actives dans la protection des consommateurs, des animaux ou dans l’aide au développement, ainsi que des fédérations paysannes, ont fait part de leurs craintes ainsi que de leurs exigences quant à un accord durable. Les organisations présentes dans les États du Mercosur partagent ces revendications, comme l'a expliqué Natalia Carrau, membre du groupe uruguayen de l'organisation Les Amis de la Terre Natalia Carrau a souligné : « Déjà aujourd’hui, l’agriculture industrielle, qui est entre les mains des multinationales, met sous pression les exploitations agricoles familiales en Amérique du Sud. Avec les accords de libre-échange avec l’Europe et l’augmentation de l’exportation des produits agricoles qu’ils entraînent, cette pression va augmenter encore. »

Pour identifier les risques avant la conclusion de l’accord, la coalition sur le Mercosur demande au Conseil fédéral d’effectuer au préalable une analyse indépendante sur la durabilité. Les résultats, qui serviront de base pour les négociations, seront communiqués de manière transparente et impartiale. La coalition sur le Mercosur demande en outre que l'accord prévoie un chapitre sur la durabilité, avec des objectifs ambitieux et mesurables, ainsi que des mécanismes contraignants de sanction. La mise en œuvre de l’Agenda 2030, ou plutôt des objectifs de développement durable fixés par l'ONU, le respect des traités internationaux applicables dans le cas présent et de l’art. 104a, let. d., Cst. sur la sécurité alimentaire et le commerce durable devront figurer dans ce chapitre, de même que des aspects sur la protection des animaux et la mise en œuvre de l’accord de Paris sur le climat.

Les concessions faites en matière d'importation de produits agricoles sensibles devront impérativement être limitées aux contingents de l’OMC. De plus, la viande importée des pays du Mercosur ne devra présenter aucun stimulateur de performance et de croissance, et devra avoir été produite dans le respect de standards élevés en matière de protection des animaux et de sécurité alimentaire. Par ailleurs, la Suisse continuera de n’acheter que du soja exempt d'OGM. Pour ne pas miner la protection des consommateurs, les contrôles et l’indication de la provenance des produits importés devront être améliorés, et les lacunes comblées.

www.alliancesud.ch

www.frc.ch

www.protection-animaux.com

www.swissaid.ch

www.painpourleprochain.ch

www.publiceye.ch

Renseignements

Christine Badertscher

SWISSAID

Téléphone 079 583 69 03

Laurianne Altwegg

Fédération romande des consommateurs

Téléphone 021 331 00 90

Isolda Agazzi

Alliance Sud

Téléphone 079 434 45 60

Beat Röösli

Beat Röösli

Union Suisse des Paysans
Responsable Relations internationales

Téléphone 079 768 05 45
EMail beat.roeoesli@sbv-usp.ch

Hansuli Huber

Schweizer Tierschutz STS

Téléphone 076 378 60 70

Sur le même sujet

Communiqués de presse
Communiqués de presse Libre-échange avec la Chine : à quand le boom ?

11.05.18 | L’accord de libre-échange entre la Suisse et la Chine est entré en vigueur il y a quatre ans. Une analyse de l’Union suisse des paysans consacrée aux retombées de cet accord sur l’ensemble de l’économie, le commerce agricole et les exportations de fromage aboutit à des conclusions décevantes. Afin de dépassionner le débat sur la conclusion d'autres accords de libre-échange, le Comité de l'Union suisse des paysans a décidé d’exposer ces résultats dans un rapport.

Lire la suite
Points de vue Mercosur et politique agricole – éviter l’amalgame !

06.03.18 | Dans le cadre du premier volet de sa vue d’ensemble du développement à moyen terme de la politique agricole, le Conseil fédéral fait référence à un accès et une ouverture des marchés qui visera une réduction de la protection à la frontière avec pour but de réduire la différence de prix entre la Suisse et l’étranger de l’ordre de 30 à 50% ! Mais comment le Conseil fédéral peut-il libéraliser un secteur et garder des prix administrés comme au niveau du secteur énergétique ou de la santé ? On applique ici une politique de deux poids, deux mesures ! Selon l’Union suisse des paysans, le développement à moyen terme de la politique agricole doit se baser sur les expériences réalisées au niveau de la PA 2014 – 2017, sur la mise en application du nouvel article constitutionnel pour la sécurité alimentaire plébiscité par le peuple suisse pour donner des perspectives aux familles paysannes. C’est ce qu’on attend de notre Gouvernement.

Lire la suite
Communiqués de presse
Communiqués de presse La récolte n’est assurée qu’à celui qui sème correctement

20.02.18 | Au Sommet agricole sur le Mercosur, le Conseiller fédéral Johann Schneider-Ammann met dans le même panier la politique du commerce intérieur et celle du commerce extérieur. Dans les deux cas, il n’en sortira rien de bon. L’Union suisse des paysans avait déjà annoncé qu'elle ne participerait pas à cette mascarade. Elle aborde séparément le thème de la Vue d'ensemble et celui du traité de libre-échange avec les pays du Mercosur. Par ailleurs, elle attend du Conseiller fédéral une amélioration tant au niveau de la communication que de la collaboration.

Lire la suite
Communiqués de presse
Communiqués de presse Pas d’huile de palme dans l’accord commercial avec l'Indonésie (Lettre ouverte adressée au conseiller fédéral Schneider-Ammann)

02.02.18 | Pas d’huile de palme dans l’accord commercial avec l'Indonésie (Lettre ouverte adressée au conseiller fédéral Schneider-Ammann)

Lire la suite
Communiqués de presse
Communiqués de presse Le Sommet agricole sur le Mercosur se tiendra sans l’USP

24.01.18 | Le Conseiller fédéral Johann Schneider-Ammann a envoyé, cette semaine, une invitation à un « Sommet agricole sur le Mercosur ». A cette occasion, le ministre de l'économie entend aussi aborder la Vue d'ensemble du développement de la politique agricole qu'il a présentée début novembre. L’USP prend ses distances avec cette rencontre et n’y participera pas. Cela tient au fait que la Vue d’ensemble n’offre aucune base à une agriculture porteuse d’avenir pour l’USP et que le Conseiller fédéral a refusé l’entrevue proposée par la faîtière paysanne.

Lire la suite
Points de vue L’OMC est-elle morte ?

15.01.18 | La 11e Conférence ministérielle de l’OMC a eu lieu à Buenos Aires en décembre dernier. Elle n’a débouché sur rien. Tous les ministres de l’OMC veulent certes un système fiable pour le commerce mondial, mais chacun d’entre eux en a une autre conception. C’est ainsi que le joli bouquet d’ébauches de résolutions s’est complétement fané au fil de la conférence. Dans le dossier agricole, les membres de l’OMC n’ont pu s’entendre ni sur un accord, ni sur un programme de travail. Avant la conférence, l’éventualité d’un accord sur une nouvelle discipline relative au soutien interne ayant des effets de distorsion des échanges avait provoqué une vive agitation en Suisse. Les mesures de soutien interne englobent, en particulier, le supplément pour le lait transformé en fromage, les contributions à des cultures particulières et les contributions à la sécurité de l’approvisionnement. Des réductions de ce soutien ne s’imposent toutefois pas pour l’instant, car en dépit de l’optimisme affiché par l’OMC, il n’y a même pas eu d’accord dans ce domaine. La présidente de la conférence, Susana Malcorra, a souligné que les membres de l’OMC restaient liés au système commercial multilatéral basé sur des règles. Des doutes sont permis quant à savoir si les grands pays partagent aussi cet avis. Au lieu d’avancer en trébuchant à l’OMC, les États-Unis, l’UE, le Mercosur et d’autres pays font plutôt cavalier seul en se lançant dans des négociations bilatérales.

Lire la suite
Points de vue La politique agricole de l’avenir ne saurait être passéiste

05.01.18 | En novembre dernier, la Neue Zürcher Zeitung annonçait des perspectives fort réjouissantes pour l’économie suisse. À la mi-décembre, le Secrétariat d’État à l’économie confirmait cette annonce en prévoyant une croissance robuste de 2,3 % en 2018. Dès lors, je me demande comment l’idée est venue au Conseil fédéral de devoir réduire la protection douanière des produits agricoles pour que le reste de l’économie ne pâtisse pas de la situation du secteur primaire. Quoi qu’il en soit, je ne comprends pas non plus pourquoi le Conseil fédéral s’attaque d’emblée au démantèlement des protections douanières dans tous les scénarios qu’il envisage dans sa Vue d’ensemble du développement de la politique agricole. Un rapport aussi déséquilibré n’a d’une vue d’ensemble que le nom.

Lire la suite