Dans son article 104, la Constitution fédérale dispose que la Confédération complète le revenu paysan par des paiements directs aux fins de rémunérer équitablement les prestations fournies. L’article 5 de la loi sur l’agriculture précise que les exploitations remplissant les critères de performance économique doivent être en mesure de réaliser, en moyenne pluriannuelle, un revenu comparable à celui du reste de la population active. La politique agricole a donc un mandat clair en ce qui concerne les revenus. Pour le suivi de la situation économique de l’agriculture, deux statistiques complémentaires sont calculées. Le Dépouillement centralisé des données comptables d’Agroscope examine la situation économique au niveau des exploitations individuelles. Les Comptes économiques de l’agriculture de l’Office fédéral de la statistique situent le secteur agricole dans le contexte de l’économie nationale.
Cette analyse permet aussi de considérer de manière différenciée les différents types d’exploitations et les différentes régions. En moyenne, une exploitation génère 80 % de son revenu, soit la majeure partie, grâce à la vente de ses produits. La situation sur les marchés a donc une influence considérable sur le revenu des familles paysannes. Les paiements directs constituent environ un cinquième des recettes. Toutefois, cette part peut fortement varier suivant l’emplacement et les conditions de production.
En 2023, le revenu du travail par unité de main-d’œuvre familiale a diminué pour la deuxième année consécutive, atteignant une moyenne nationale de 54'753 francs (figure 1). Dans toutes les régions, le salaire moyen est nettement inférieur au salaire comparable des secteurs secondaire et tertiaire, et seule une petite partie des exploitations atteint le revenu de référence (figure 2). Si l’on combine le faible revenu du travail avec les longues semaines de travail moyennes de 62 à 66 heures, les travailleurs familiaux obtiennent un salaire horaire inférieur à 17 francs. Les évolutions négatives de l’année passée s’expliquent par la hausse des taux d’intérêt, les mauvaises conditions météoritiques et le maintien des coûts élevés des moyens de production. Il est également préoccupant de constater que l’écart entre la zone de plaine et de montagne s’est encore creusé es dernières années.