Contenu principal
Pas de baisse des prix à la production, mais nouvelles hausses nécessaires !
Actuellement, des acheteurs font pression sur les prix à la production dans plusieurs branches. Mais cela ne se justifie d’aucune manière. Au contraire, de nouvelles augmentations sont nécessaires, sans obligatoirement être portées par le consommateur ! Une plus juste répartition de la valeur ajoutée est nécessaire.
Il faut dire que les matières premières ne représentent généralement qu'une très faible part du prix en magasin, alors qu’elles sont souvent invoquées pour justifier l'augmentation des prix aux consommateurs. Selon l'Office fédéral de la statistique, les prix à la consommation des denrées alimentaires ont progressé en juillet de 5,3% par rapport à l'année précédente. Les prix à la production n'ont pour leur part globalement pas progressé autant. Une marge de manœuvre existe donc pour une augmentation des prix aux producteurs, pleinement justifiée.
Depuis l'année dernière, les coûts de production se sont établis à un haut niveau, que ce soit pour les machines, l'énergie, le diesel, les engrais, le fourrage et de nombreux autres facteurs de production. Bien que les prix à la production aient connu certaines augmentations en 2022, il n'a pas été possible de répercuter intégralement la hausse des coûts. Le découvert pour l'agriculture s'élève globalement entre 200 et 300 millions de francs. Dans différentes branches, et tout particulièrement dans celle du lait, un rattrapage était par ailleurs nécessaire en raison de prix clairement trop bas, en regard des coûts de production.
Outre la hausse des coûts des agents de production, il faut tenir compte de la mise en œuvre des trajectoires de réduction. Ces trajectoires comprennent des objectifs ambitieux de réduction de l'utilisation de produits phytosanitaires et des pertes d'éléments nutritifs. A partir de cette année, les exploitations doivent notamment conjuguer avec le renforcement des prestations écologiques requises (PER). Outre une réduction des rendements moyens, une charge de travail supplémentaire et des coûts de production plus élevés, les trajectoires de réduction impliquent également des risques plus importants dans la production végétale. Cela justifie là aussi une augmentation des recettes afin de compenser les coûts supplémentaires et les pertes. Parallèlement, le Conseil fédéral a annoncé son intention de réduire les paiements directs. La compensation des prestations supplémentaires doit donc se faire par le biais du marché et des prix à la production.
Dans ce contexte, il est absolument incompréhensible et inacceptable que les augmentations de prix nécessaires soient refusées et que certains acteurs tentent même une réduction des prix à la production. De meilleurs prix pour les familles paysannes sont plus que justifiés sachant que la plupart des denrées alimentaires sont déjà devenues plus chers à la vente sans que les familles paysannes n’aient pu profiter d’une augmentation de prix pleinement correspondante.
Prônée à tout va, une alimentation durable n’est possible qu’à condition que les exploitations agricoles le soient également sur le plan économique, social et écologique. Cela passe par des prix équitables pour leurs produits, couvrant les coûts de production. Des actes plutôt que des paroles sont nécessaires !
Michel Darbellay
Responsable du département Production, marché et écologie de l’USP
Téléphone 078 801 16 91
E-Mail michel.darbellay@sbv-usp.ch