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13e rente AVS : le compte n’est pas bon
« Mieux vivre à la retraite », c’est ainsi que le comité d’initiative a appelé la proposition d’instaurer une 13e rente AVS. L’objet demande que les personnes retraitées reçoivent chaque année un supplément correspondant à un douzième de leur rente annuelle. Celui-ci serait versé à tout le monde, selon le principe de l’arrosoir. Les sondages montrent que l’initiative populaire est bien accueillie par le peuple. Notamment parce que le mode de financement n’est pas défini et qu’il n’est donc pas clair d’où proviendrait l’argent. Concrètement, il s’agit de 4 à 5 milliards de francs de plus dépensés par an. D’ici 2050, les dépenses supplémentaires s’élèveraient à plus de 100 milliards de francs.
En raison des revenus agricoles, inférieurs à la moyenne, l’AVS est, pour de nombreuses personnes dans l’agriculture, un pilier important, voire le seul pilier de la prévoyance vieillesse. Augmenter les rentes serait donc bienvenu. Toutefois, si l’on y regarde de plus près, il est évident que le budget de la Confédération risque d’être massivement alourdi par cette mesure. La Confédération devrait dépenser davantage, car elle finance 20,2 % des rentes AVS. Le montant subventionné représenterait environ 1 milliard de francs supplémentaires par an. De l’argent que la Confédération n’a pas : le Conseil fédéral doit aujourd’hui déjà élaborer de grands programmes d’économies afin de freiner les dépenses. Il devrait donc faire des économies sur d’autres postes budgétaires encore. Les dépenses non liées, dont font partie le crédit agricole et les paiements directs, sont au premier plan. La dernière session d’hiver a montré à quel point la discussion sur les enveloppes financières de l’agriculture est difficile. Les consommateurs et consommatrices au revenu modeste et les personnes actives seraient également désavantagés par des déductions salariales plus élevées et une TVA plus importante. Si ces déductions pèsent sur tout le monde, elles alourdissent en particulier le budget des familles paysannes dont les revenus sont inférieurs à la moyenne.
Les agriculteurs et agricultrices seraient doublement touchés : d’une part, par une augmentation des déductions ou une hausse de la TVA, d’autre part, par la menace d’une réduction du crédit agricole. Comme le nombre d’actifs et d’actives diminue face à celui des personnes retraitées, le montant actuel de l’AVS n’est déjà pas garanti. La différence entre les recettes et les dépenses augmente même avec le statu quo, et le financement de cet important pilier de la prévoyance vieillesse est loin d’être assuré.
L’initiative sur les rentes sera soumise au vote du peuple le 3 mars 2024. Cette initiative demande d’abord de relever l’âge de la retraite à 66 ans pour les deux sexes, puis de l’indexer sur l’espérance de vie. Dans le contexte actuel et après la décision extrêmement disputée de relever l’âge de la retraite à 65 ans pour les femmes, cette demande n’est pas susceptible de recueillir une majorité. De plus, un relèvement général de l’âge de la retraite n’est pas opportun, car les personnes exerçant des métiers à forte pénibilité physique ne peuvent pas simplement travailler plus longtemps. Un modèle basé sur une durée de travail à vie serait définitivement préférable.
Du point de vue de l’agriculture, les deux initiatives sont trop radicales et doivent être rejetées. Des rentes plus élevées, c’est bien, mais pas à ce prix-là !
Peter Kopp
Département Affaires sociales et prestataires de services
Secrétaire général Agrisano
Téléphone 056 461 71 82
Email peter.kopp@agrisano.ch