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La production indigène prend ses responsabilités
La nouvelle salve contre l’agriculture, dégainée par Greenpeace, illustre une nouvelle fois une volonté de nuire. Jouant sur les raccourcis et de fausses informations, la démarche veut faire croire aux consommateurs que la viande suisse ne l’est pas… La réalité est que le 84% des fourrages consommés par nos animaux de rente est indigène. L’agriculture suisse n’a jamais prétendu être autonome en fourrages et ne l’a jamais caché. Mais réduire la production suisse sans adapter la consommation ne ferait que davantage dépendre des importations de viande.
En plus d’une part prépondérante de fourrages indigènes, la viande suisse se différencie par ses normes strictes en matière de protection des animaux, d’affouragement sans OGM, de traçabilité et de sécurité alimentaire. La production indigène ne fait ainsi que répondre à la demande des consommateurs qui préfèrent manifestement la viande suisse à la viande importée dont on ignore, ou plutôt on devine, les conditions de production. Pour la volaille par exemple où la part de fourrages importés est plus importante que pour les bovins, l’engouement constant pour la provenance suisse s’explique aisément par le fait que le consommateur préfère du poulet produit en Suisse plutôt que du poulet brésilien dans son assiette.
Une responsabilité assumée
Les critiques de Greenpeace visent directement le soja importé mais se trompent de cible. Car plus de 95% de ce soja répond aux standards de durabilité, certifiés par le Réseau soja suisse, regroupant toute la filière. En 10 ans, grâce à la dynamique de ce réseau, les importations issues du Brésil ont ainsi diminué de moitié au profit d’importations issues de l’Europe. La preuve que la filière prend ses responsabilités de manière proactive et volontaire. De nouveaux développements sont par ailleurs prévus pour imposer des standards de durabilité à d’autres denrées fourragères importées.
Renforcer les fourrages indigènes, c’est possible !
Pour l’agriculture suisse, le but premier est évidemment de couvrir le plus possible les besoins des animaux en fourrages indigènes. Au travers de la production animale, l’agriculture apporte aussi sa contribution à la valorisation des sous-produits de l’industrie agroalimentaire et des importations, participant ainsi à la lutte contre le gaspillage alimentaire. Pour renforcer la part indigène dans les fourrages concentrés, le potentiel indigène existe pour les céréales fourragères. Mais cela nécessite des soutiens, soit politiques, soit de la grande distribution, ce que l’agriculture demande depuis des années, sans aucun appui d’organisations telles que Greenpeace qui préfèrent critiquer plutôt qu’agir. Mieux rétribuer la production indigène de céréales fourragères augmenterait directement la part d’aliments suisses.
Encourager plutôt que blâmer
Oui l’agriculture doit progresser, réduire ses impacts, fermer les cycles, améliorer le bien-être animal. Mais, de grâce, stop à l’agribashing qui ne fait que stigmatiser et fustiger le monde paysan dans ses pratiques. Reconnaître les efforts et engagements de l’agriculture, encourager à la transition en sensibilisant les consommateurs à mieux rétribuer les producteurs serait bien plus fructueux que des attaques répétées et émises par pure idéologie, pour ne pas dire dogmatisme.
Michel Darbellay
Responsable du département Production, marché et écologie de l’USP
Téléphone 078 801 16 91
E-Mail michel.darbellay@sbv-usp.ch